C’est le mi de la nuit. Mi, une note entre deux eaux. Mi-figue, mi-raisin, comme on dit.
Nouar approche doucement et fond totalement sur le décor. Il enchaine, les longues minutes de vide et de silence fondus. Comme des peurs denses, il vacille, lourd, et s’étale, de tout son long ; sur le temps, sur l’espace entre les choses et même dans l’espace entre moi et moi.
C’est la déprime. Son parfum de violon qui embrasse la brume, comme le poète romantique embrasse la corde.
Elle est sensible, cette corde là ; elle vide mon carquois et tends mon arc. La flèche se décoche et brise son bois dans un cri effrayant, contre la cible, contre la roche.
Ces flèches là, sont faites pour mourir dans le désespoir du paradoxe.
Faites pour viser juste, on leur demande de viser le faux, l’illusion, l’échec. Que peuvent-elles y faire. A tous les coups, elles perdent.
Y a-t-il une véritable alternative, lorsque les règles du jeu sont à jeter au feu? Brulez-y flèches et arc tout autant et laisser moi me pendre, aux lèvres cette fois, de mon âme tendre qui me dit :
« aimes-toi »