Une grande colère.
On m’apporte une colère, que dis-je une colère, on la nomme Rage .
Rien de moins. Une rage…froide.
Avez vous déjà vu une rage froide ? Une qui maîtrise et qui contrôle ?
Apportez les glaçons.
Une colère est déjà chaude . Mais alors une rage…bouillante ! Bouillonnante !
Et nous regardons d’ un peu plus près. Colère ? Rage ?
Nous avons vu la fois passée, à l’éclairage d’un Maître, que Colère et Tristesse n’étaient, en quelques sortes, que les deux faces d’une même pièce.
Colère explose, expulse, montre, se tient debout, yang, feu et flammes.
Tristesse se plie et se répands, passive, liquide, fluide..flic-flac-flan. Yin.
Yin et Yang appelle à une union. Bon, le Maître ici cité, parle d’un combat. Restons sur l’idée d’un corps à corps et laissons les bien faire ce qu’ils veulent. Le principe restant le même :
Un équilibre est trouvé, alors la porte de sortie s’ouvre.
L’inventeur de l’escape game !
Si on arrive à équilibrer l’énergie yin et l’énergie yang, si une harmonie se fait, alors ni l’un ni l’autre ne nous submerge. Et c’est heureux, car nous pouvons fouetter d’autres chats (enfin, ne le faites pas vraiment, les chats sont gentils…et pour le coup, eux, pourrait en avoir, de la tristesse ou de la colère!)
Bon. L’idée c’est que, ayant posé rapidement ce décor (nous pourrons y revenir) ; il est parfois moins facilement de s’occuper de la colère-tristesse quand un arbre cache la forêt.
Alors parfois, il y a un arbre, qui n’a pas dit son nom et qui peut tellement remplir l’être de confusion, qu’il faut prendre le temps de démêler les choses.
Avant la colère-tristesse, ou plutôt, devant la colère-tristesse il y a quelqu’un, quelque chose, qui peut avoir besoin qu’on dise son nom.
On parle, on cherche, on évoque, on discute, on tente, on trouve.
En déroulant le fil, on écoute et on entends une voix. Ici, par exemple, c’est la voix de Trahison.
La Trahison, me direz vous, apporte de la colère. Donc, revenons en à elle directement !
Oui, mais non. Trahison a besoin qu’on dise son nom et qu’on écoute son histoire.
Alors , maintenant qu’elle sait qu’elle est entendue, elle parle. Elle parle d’une histoire, souvent très vieille. La personne était petite et elle avait des parents. Et aussi une famille, alors il y a des autres. Et des lignées. Et du transgénérationnel. Et pis de l’humain aussi. Et parfois, tout ça, tout ça, ça peut en faire une sacrée quantité de valises à trimballer.
Alors, comme aujourd’hui on l’a vue, on l’a nommée et qu’on l’écoute, elle est prête à dire son histoire, la Trahison. Elle parle aussi des amis/ennemis qu’elle a pu se faire en chemin.
Des conseils de la Volonté personnelle. Des techniques de contrôle qu’elle a pu mettre en place pour pallier à quoi ? Ben à de l’impuissance, pardi. Parce qu’on cherche souvent notre « autre » dans un miroir ou dans un contraire, dans une opposition, une complémentarité, lorsqu’on se sent séparé, séparé….si séparé qu’on est très en colère. En colère de n’être qu’une moitié, un demi-entier, claudiquant. En colère rouge, bouillante, d’un feu semblable à la passion, car la colère première est celle de ne pas être aimé. Ne pas se sentir aimé. Un interdit, quel qu’il soit, sur l’Amour.
C’est insupportable, pour la colère, ce manque d’amour, cette impuissance, cette inaccessibilité là ! Comment de quel droit, et on repart dans le pouvoir…Moi qui était même prêt à l’abandon total, à tout donner…non ? Alors je vais tout reprendre et en premier je reprends mon pouvoir, mon pouvoir d’être incontrôlable à mon tour à tout ce qui m’échappe. Et il y en aura, des dégâts ! Parce que je veux qu’on voit ça ! C’est yang, extérieur, ça ne peut pas passer inaperçu…c’est de la Colère.
Alors, une colère froide me direz vous. Une colère qu’on étouffe. Une colère récupérée par une forme mentale, un contrôle. On va froidement analyser ce qui peut nous permettre de reprendre la main (la main de qui ? ) et le pouvoir (le pouvoir sur quoi ?)…certainement pas sur nous même…
Colère froide n’est pas rage. Colère froide est contrôle.
Trahison nous raconte alors comment elle a cherchée, à travers la Colère, à extérioriser un feu si brûlant à l’intérieur qu’il dévorait ses tripes et son coeur. Ce coeur incapable d’être aimant-aimé, non-autorisé, réfuté, blackboulé, roulé-boulé. Rageant.
Alors le visage de Trahison ressemble à une grande colère, une colère autant qu’une souffrance, car oui, nous sommes toujours sur la même pièce (de théâtre).
Et puis.
Et puis, comme nous écoutions tout cela. Nous avons entendu une autre histoire.
Celle de la Souffrance. Cette plainte et ce gémissement. Tantôt étouffé, tantôt sonore.
Cette souffrance qui n’en finit pas d’en finir, d’agoniser, de vivre dos à dos à la Trahison.
Son histoire à elle, à grand renfort de larmes et de torrent de sel, contenus ou non, à grand désir de nettoyages, de fins pour un nouveau départ, d’émotions et d’histoire mille fois entendues.
Salées, aussi, les larmes ont un goût de sacrifice, un goût amer d’erreur ou d’échec, parfois, elle semble être un reflet, comme une trahison de soi-même, par soi même, en soi même…une terrible souffrance… que nous nous infligeons avec tant d’aisance parfois, c’en est déconcertant.
Ce qui génère encore plus de confusion. De culpabilité. De découragement. De moralité. D’enfermement. Et j’en pleure, et j’en passe. Car je pleure tous les rôles de femmes pleurantes. Toutes celles que je suis. Toutes celles que je porte. Tous les rôles d’hommes pleurant. Tous ceux pour lesquels il est formellement interdit de pleurer ! Et j’en fais des opéras, des poèmes romantiques, des longs monologues, de tristes lettres d’adieux…
Il se peut donc, et ce n’est pas un mécanisme valable pour tous, juste une possibilité ; qu’il faille aller appeler les choses par leur nom. Parce qu’ un chat est un chat, et qu’il n’aime pas être fouetté.
Et parce qu’un coup de fouet, même s’il est un coup de fouet, a parfois besoin de dire le nom de son bourreau pour être guéri. C’est comme ça. C’est comme çi.
Alors, Colère- Tristesse, oui, sont accessibles. Et peuvent parfois, nous faire le véritable cadeau de nous donner d’autres mots à entendre. Et ces mots là, dans ce moment là, parce que c’est ce qui est juste et bon, il est utile de les prononcer.
La pertinence d’un mot est capable d’envoyer une énergie pertinente à l’endroit exact.
Le verbe est créateur. Le Verbe est guérisseur. Le Verbe vous salue / Est notre Salut.
Je vous aime.