Ego. Que peut il y avoir d’égotique, dans le fait de souffrir?

La question semble déplacée, et pourtant elle ne l’est pas.

Culpabilisons un peu tous ensemble en cheminant, et tentons de saisir ce qu’il peut y avoir d’absolument volontaire dans cette douleur.

« Je culpabilise, donc je suis », pourrait on quasiment dire. En parlant de dire, qu’est ce que je cherche à me dire, ou à exprimer de moi lorsque je culpabilise?

Je souffre, c’est une certitude. Je souffre d’un manque. Je note un besoin, un oubli, un rendez vous loupé, un deuil non fait. Culpabiliser me permets de croire que je n’oublierai jamais. Qu’ai je donc tant peur d’oublier ?

Un petit peu chaque jour, un petit coup de fouet à la fois, une dose homéopathique de jugement et d’idées toutes faites s’instille dans les veines. Homéo-patéthique, quasi.

Je me berce de cette souffrance-confort, que je connais si bien, qui me connait si bien ; et qui mets en scène deux boiteux qui s’emboitent, certains tout à fait à présent ne de plus jamais claudiquer. Illusions. Voilà ce qui me berce tout à fait : les illusions.

Au centre de la culpabilité, un monde d’imageries, de faussetés, de Dieux en carton-pâte, de croyances empruntées à autrui, de jugements terribles et de vie au mérite.

Voyez vous le coin du voile se soulever un tant soit peu?

Oui, j’accepte que dans la culpabilité je parle d’une foule de jugements, d’outre-tombe et d’ailleurs, qui me chantent une chanson déplaisante, mais une chanson tout de même.

Mérite. Qu’ai je donc à trimballer, de gauche et de droite, pour que cette vie de porte-croix, m’ouvre un quelconque enchantement à la fin des temps?

Se sentir porte-drapeaux ? Et quelles en sont les armoiries?

Car le temps n’aide pas. Hier, demain, tout sauf maintenant.

Si j’ai conscience, quoiqu’il se passe devrait m’ouvrir les yeux sur maintenant.

Il est plus valable pour soi d’accepter tout entier le fait qu’on ne peut et ne pourra absolument jamais agir sur le hier. Pas véritablement plus que sur le demain, mais c’est un autre sujet presque.

Que puis je mettre à profit d’hier si ce n’est la prise de conscience d’un comportement, une parole, une situation, etc qui me semble injuste, inconfortable, incomprise, et tout un tas d’autres -in.

Un jour nouveau se lève, dans le présent, dénué de -in.

Justice, confort, compréhension. etc. Dans l’instant je peux accéder à orienter mon être dans un sens plus juste avec ce que je suis, une voie, une artère de vie, en lieu et place d’une impasse.

Oui ! au coeur de chaque instant réside ce choix, cette option, cette possibilité.

Un croisement de chemin, et non une croix à se mettre à l’épaule.

C’est ce qu’on entends dans :  « Et maintenant, que m’est il possible de faire? »

Accepter que nous ne sommes pas tout-puissant. Que nous ne pouvons rien maitriser, contrôler, diriger totalement.

Nous pouvons uniquement orienter nos coeurs en direction de ce Soleil qu’est l’Amour, la Vie, la Joie et qui existe en toutes choses.

Il est impossible d’évaluer à posteriori, ce qui aurait pu être autrement. Car les choses sont ce qu’elles sont.

Ouvrir nos coeurs nous semble tellement plus compliqué que d’ouvrir nos crânes et que de disséquer les milliards de pensées et de faits, réels ou fantasmés, qui ne nous appartiennent même pas.

Laisser le passé au passé. « Laissez les morts enterrer les morts ». Venir à la Vie avec un coeur vivant ; car le souffle de la résurrection est une potentialité de chaque instant.

Laisser le temps au temps. S’occuper du présent devrait être notre unique « choix ». Vivre au présent diffuse de la vivacité, de la fraicheur, de la présence, de la vigilance.

Comparez cette énergie avec celle de vivre la tête dans un sac.

Culpabiliser veut dire penser que nous connaissons exactement quelle(s) autre(s) option(s) étai(en)t possible. Juste ou meilleure. Et c’est faux. Si l’on rêve à d’autres illusions au lieu de nous préoccuper de ce qui est. Si l’on préfère à l’état actuel, des possibilités éventuelles mortes. Si l’on fait le choix de veiller les cadavres de nos expériences passées. Si l’on veut tout à fait, étrangement, vivre au royaume des morts, et faire la sourde oreille aux trompettes de la renaissance, de la vie, du souffle, du rythme. Si l’on préfère croire et choisir notre petitesse, notre impuissance, cachée de surcroit derrière des apparences de « maîtrise » et ne pas rendre grâce en chantant cette vie. C’est tout à fait possible.

C’est peut-être , en cet instant, l’option la plus juste pour votre « âme ». Alors vivez-le pleinement.

Sachez cependant, qu’une fenêtre vient de s’ouvrir en lisant ce message.

Sentez vous le souffle de cette ouverture qui vous invite à sa rencontre?

A. G.

« Laissez vous aimer »