Il y a quelques années, j’ai du voir passer une conférence dont je ne connais plus ni le sujet, ni les acteurs ou les détails.
Seule m’est resté cette « image » qui revient ce matin, d’un homme sur une estrade parlant avec un homme qui était assis dans la salle avec son épouse. Souvenir incertain mais pourtant j’ai été marqué par le fait, que, discutant ensemble ils arrivèrent à aborder le sujet actuel qui brisait ce couple dans leur chair : le cancer.
Le sujet aurait pu être tout autre, il n’est pas là le thème de ce petit message. C’est simplement un événement assez fort, puisqu’il semblait, de plus, conduire ce monsieur vers la mort.
Le conférencier lui répondit alors : « Quel est ton intérêt ? »
J’ai été à la fois choquée et émerveillée de cette réponse.
Comment pouvons nous avoir un « intérêt » dans la souffrance, dans l’épreuve, dans l’angoisse d’un lendemain qui pourrait ne jamais venir…?
Laissons là la conférence en elle-même dont je vous parlerais très mal car la suite de l’histoire m’échappe.
Restons, voulez vous bien, sur cette possibilité de se poser la question à nous-même.
Lorsqu’un événement se présente à notre porte, et que nous en sommes contrarié, voire blessé. Lorsque une situation se répète dans notre vie, comme une roue qui tourne. Lorsque nous faisons face à notre propre incompréhension d’un résultat à nos actions. Lorsque l’on fait tout pour se rendre à un endroit précis et que nous n’y arrivons pas. Lorsque, lorsque… vous pouvez en imaginer très bien d’autres.
S’arrêter un instant. S’autoriser à poser une question, qu’on peut laisser totalement ouverte. Juste prononcer ces mots : « Quel est mon intérêt là-dedans? ».
Lorsque l’on pose une équation, dont on est sûr de la réponse, il peut parfois s’y cacher un (élément) « inconnu » – (poser une équation ou connaitre une réponse étant un autre sujet )
L ‘humain adoooore faire des plans. Enfin, ce mental. Génial calculateur. Ainsi, rendons grâce à ses possibilités parfaites de machine, d’ordinateur. Alors donc, si je vise, admettons, la réussite, comment puis-je tomber dans l’échec?
Quelle peut ếtre la composante qui génère ce résultat?
Et si c’était mon intérêt propre? Et si j’avais, dans l’échec, un intérêt. Tout comme dans la maladie, tout comme dans la position de victime ou de bourreau…etc.
Nous sommes souvent le jouet d’équations déjà posées. D’équations auxquelles nous adhérons. Auxquelles nous avons dit : oui! et dont nous avons nous même validé les éléments.
Consciemment ou non. Voire que nous portons les équations des autres (aïeux , etc)
S’il y a, en moi, une validation au système de l’échec, alors je peux me démener comme je veux, il va falloir que je « la sorte » avant de pouvoir faire autre chose.
On peut appeler ça ôter des blocages, faire des mises à jour de programme, des harmonisations, équilibrages, du nettoyage de printemps, tout ce que vous voulez.
Et pour que je la sorte, il faut que je regarde son existence.
Tout comme ce monsieur, qui a répondu : oui.
« Oui! j’ai un intérêt dans cette maladie mortelle. Je peux prendre du temps que je ne prenais plus. Mon épouse prends soin de moi. Je ressens très fortement l’amour de mes proches, leurs présences, leurs attentions, et j’aurais tellement aimé vivre ça tout au long de ma vie mais je ne faisais rien pour. Aujourd’hui, malade, à l’article de la mort, je jouis de cet intérêt personnel là. »
Quel électrochoc pour la conscience des choses. Quel réveil que de mettre à jour cela. Quels changements par la suite ! Car enfin, cela est pris dans l’équation, et cela peut se recalibrer. Et quelle paix…
Se recentrer, se faire face, s’aimer, se respecter, s’accueillir, aller à l’intérieur de soi ; ne doit pas être une fuite, une réponse désespérée, un pis-aller, une errance…
C’est au contraire, une joie, celle du début, du commencement, de cette plénitude de tous les possibles, comme un bourgeon gonflé et prêt à éclater pour vivre ce qu’il est.
Tout se passe de l’intérieur vers l’extérieur.
Joli printemps intérieur à tous <3
Image : Franc-Comtois Pixabay